De l'amie prodigieuse à l'enfant perdue : une histoire à n'en plus finir
Une quadrilogie qui raconte la saga de deux amies depuis la tendre enfance jusqu’à l’âge adulte.
Une amitié conflictuelle, ambivalente, profonde et superficielle, émouvante et agaçante, sombre et lumineuse. Le décor est celui de Naples, avec la misère et la promiscuité de ses bas-fonds, la camorra et la corruption. Lina est belle, intelligente et remplie de créativité mais rebelle et cynique. Elle exerce depuis l’enfance une véritable fascination sur Elena (Lenu) qui même lorsqu’elle devient une écrivaine célèbre qui a parcouru une bonne partie du monde continue à entretenir un sentiment d’infériorité par rapport à Lina qui de toute sa vie n’aura connu que Naples.
Mais Lina est pourtant jalouse de Lena, l'écrivaine à succès, qu'elle sait déstabiliser sans grandes difficultés. Chacune est pour l'autre l'amie prodigieuse qu'elle envie.
Il y a tout dans ce roman, et même un peu trop.
La famille, le mariage et les relations adultérines, les couples légitimes et les autres, les enfants désirés ou non et même disparus, l’homosexualité, la violence conjugale et la violence urbaine, l’exploitation ouvrière et le syndicalisme, l’univers estudiantin, le monde de l’édition, le féminisme, la drogue, la politique, la maladie et la mort.
Il y a tout et son contraire, la pauvreté, la richesse, l'amitié et l'amour mais aussi la haine, la tendresse et le sexe, la promiscuité et la solitude, le succès et l'indifférence.
Autour des deux fillettes, jeunes filles, puis femmes gravite un grand nombre de personnages, trop de personnages, trop de familles qui s’aiment et se déchirent, trop de couples qui se font, se séparent, se retrouvent, s'échangent.
Et l’histoire de nos deux amies et de leur entourage, évolue sur fond de l’Histoire de l’Italie, de l’après guerre à l’opération mani pulite de la fin du XXe siècle en passant par les années noires du terrorisme.
On se dit que l’auteur aurait pu faire plus court, c’est parfois redondant comme l’est la vie lorsque l’on répète les mêmes erreurs, les mêmes conflits, les mêmes rapprochements. Une histoire fascinante mais parfois lassante comme peut l’être la vie, lorsqu’on attend quelque chose qui ne vient pas, qui ne viendra plus.
Une histoire lassante et lourde comme les combats menés par Lila et Lenu pour sortir de leur condition, pour se défaire de liens qui semblent inextricables.
Les quatre romans de la série L’amie prodigieuse me font penser à des films comme Ci siamo tanto amati ou encore La meglio gioventu, description tout à la fois sans concession et indulgente de la vie italienne.
Le style est inimitable et incomparable même en version traduite. Peut-être me faudrait-il la relire en version originale... mais je ne sais pas si je trouverai le courage de me replonger dans cette saga, car il y manque un élément : pas une seule note d'humour n'éclaire cette saga, Lenu et Lina ne nous donnent jamais l'occasion de rire ni de sourire, le ton reste pesant et on referme le livre avec un goût amer en bouche, celui de toutes les vies gâchées, des espoirs d'enfant irrémédiablement perdus, même lorsque Lenu retrouve un souvenir de son enfance.
D'Elena Ferrante :
L'amie prodigieuse
Un nouveau nom
Celle qui part et celle qui reste
L'enfant perdue
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