Quand je me fais mon cinéma
Demain
Quand j'ai décidé d'aller voir ce film, c'était parce qu'une amie que j'estime particulièrement me l'avait recommandé. Au vu du thème annoncé, je craignais de tomber sur un classique documentaire écolo bobo moralisateur et culpabilisant prédisant les habituelles catastrophes si l'être humain ne changeait pas son comportement. Aussi j'ai été agréablement surprise de voir que mes craintes étaient sans fondement. Car sur de belles images, une belle bande musicale, des reportages et des interviews menées de manière intelligente et avec humour, ce film apporte de beaux messages d'espoir. Demain n'est pas à reprocher ce qu'on fait de mal ou ce qu'on ne fait pas pour sauver un monde que l'homme mène à sa perte. Les concepteurs du film sont partis au contraire à la recherche de solutions existant déjà, preuves que l'intelligence, la combativité et la créativité de l'être humain lui permettent d'innover, de changer le cours des choses dans un sens positif. L'équipe qui a produit ce film a fait de longs voyages pour trouver aux quatre coins du monde tout ce qui prouve que bien qu'en crise, tout n'est pas perdu, notre planète peut encore être sauvée. Je me suis quand même fait une remarque concernant l'empreinte écologique de ce film qui a nécessité pour ses créateurs d'utiliser souvent l'avion. Bon on leur pardonnera, c'était pour la bonne cause. Par contre, le pessimisme demeure car tous les projets évoqués ne peuvent se concevoir que dans un monde en paix où l'on ne gaspille pas son intelligence à détruire l'autre, où les gens peuvent penser au futur lointain ce qui nécessite que leur présent ne consiste pas à simplement chercher à survivre. Et au vu de tous les conflits qui règnent de par le monde, même après avoir vu Demain, on a du mal à rester optimistes.
Préjudice d'Antoine Cuypers
Une belle maison bourgeoise dans un jardin entouré d'arbres. Le père qui apprête le barbecue aidé par son petit-fils en visite, la mère qui s'affaire avec sa fille et sa belle-fille en cuisine pour un repas de famille qui devrait être un moment de bonheur convivial comme toutes les familles aiment en vivre. La fille a d'ailleurs une bonne nouvelle à annoncer à ses parents. Le seul problème au départ semble être le retard du fils aîné qui travaille tellement que la famille a du mal à trouver le moyen de se réunir entre eux. Mais cette famille en apparence comme les autres est en souffrance extrême à cause de Cédric, un fils de 30 ans à la santé mentale fragile, dont tous les membres de la famille craignent les réactions. Cédric rêve de partir en voyage, il s'y prépare, son père accepterait, sa mère par contre refuse que ce voyage se fasse. Cédric se sent mal aimé entre son frère et sa soeur "normaux", il se sent frustré dans son désir de liberté et d'évasion, il n'accepte pas de ne pas être comme les autres, tout en revendiquant son droit à être différents ("tout le monde est différent de tout le monde"), et il souffre aussi de ne pouvoir exprimer sa sexualité, avoir une femme dont il puisse tenir la main comme son frère. Alors que la soirée aurait dû tourner autour de la soeur de Cédric toute à sa joie d'annoncer qu'elle est enceinte, pendant l'orage qui a gâché le barbecue, un orage intra-familial survient, Cédric provoque le drame en réclamant des excuses pour le préjudice qu'il subit.
Thomas Blanchard joue le rôle de Cédric avec une conviction poignante.
Nathalie Baye est parfaite dans le rôle de la mère qui tout en cherchant à donner le change est autoritaire, possessive, et dure mais que l'on devine épuisée par toute l'énergie qu'elle emploie à vouloir gérer et assumer seule une situation de plus en plus ingérable, refusant de lâcher du lest alors même que le rêve de Cédric leur permettrait à tous de respirer. Arno joue le rôle d'un père que l'on sent tout aussi épuisé, désabusé, désarmé, qui n'arrive pas à faire valoir son opinion, toutefois tendre et assez complice avec ce fils "différent" pour lui faire oublier sa différence. Il y a aussi la belle-fille perturbée par le désir d'elle que Cédric ne peut s'empêcher de lui manifester. Et le petit-fils assiste à tout ce drame qu'il contemple avec ses grands yeux d'enfant étonné.
Un film qui se déroule dans un huis-clos et une atmosphère lourde comme le ciel avant un orage. Un film construit comme une tragédie grecque avec l'unité de lieu, de temps et d'action et des personnages condamnés à un destin sans issue. Une ou deux notes d'humour ne rendent pas plus harmonieuse la symphonie dissonante jouée par cette famille.
Le malaise général est très bien exprimé par les cadrages rapprochés des personnages autour desquels le décor est toujours flou, comme si l'univers autour des personnages n'existait pas, la sous-exposition lumineuse, les couleurs ternies et la musique ajoutent encore à la sensation de mal-être et d'étouffement .
Le tout nouveau Testament, le meilleur et le pire comme dans la vraie vie...
Une famille bruxelloise , un appartement sombre et sordide, un père crado, braillard, ivrogne, paresseux et violent qui bat sa fille et son épouse. L'épouse silencieuse et soumise qui lorsqu'elle ne fait pas le ménage de leur taudis, pratique l'art de la broderie suscitant les moqueries et les insultes de son mari, en pensant à son fils dont elle n'a plus de nouvelles mais qui a promis de revenir un jour. Une petite fille de dix ans qui un jour se lasse de la violence paternelle et décide de se venger de ce dernier. Une famille du quart-monde comme les autres. Sauf qu'il ne s'agit pas d'une famille comme les autres puisque le père en peignoir et caleçon dégueulasse traînant ses pantoufles n'est autre que Dieu le père. Et quand Dieu, après avoir terrorisé sa femme et sa fille, ne ronfle pas à côté de ses cadavres de Jupiler et devant la télévision qui diffuse du catch, il s'enferme dans un bureau sinistre où il invente des catastrophes pour les êtres qu'il a créés et s'amuse à empoisonner la vie des hommes par des lois absurdes. Et tout va ainsi au plus mal dans le plus malheureux des mondes sous le regard cynique et le rire sardonique de Dieu. Jusqu'au jour où la petite fille, Ea, fuit cet univers sombre, avec l'aide de son frère J.C, qui lui conseille de se chercher des apôtres pour rédiger un nouveau testament qui modifierait le sort des hommes et les plans diaboliques de Dieu. Avant de fuir, Ea pirate l'ordinateur paternel et envoie à chaque habitant de la terre un sms avec le décompte des jours qu'il reste à vivre à chacun. La colère du divin paternel est immense... mais Ea trouvera ses six apôtres. Des apôtres pittoresques, entre SDF insouciant qui ne connaît pas la date de son décès car il n'a jamais eu de téléphone, un obsédé sexuel, un assassin qui tombera amoureux, un aventurier, une vieille bourgeoise riche mais déçue par la vie et qui trouvera le réconfort avec un amant plutôt inattendu, une jeune fille jolie mais mutilée, à la recherche de l'amour, un petit garçon victime d'un syndrome de Munchausen, des existences dont le cours des derniers jours va être modifié par Ea. Et libérée de son affreux mari, la déesse réinitialisera le cours du monde... dans un univers coloré digne des meilleurs ou des pires Disney... Tandis que Dieu sombre peu à peu dans l'enfer victime des lois qu'il a inventées.
Jaco Van Dormael dénonce un Dieu inique et sans pitié, mais curieusement dans ce film, l'humanité n'est sauvée que par des interventions divines, celles de la petite fille, de sa mère la Déesse et même celle de JC qui en permettant à sa petite soeur de fuir la violence paternelle donne un nouvel espoir aux hommes.
Un Benoît Poelvoorde magistral en Dieu haïssable et pathétique, une magnifique Yolande Moreau toute en douceur, une Pili Groyne émouvante et attendrissante dans le rôle d'Ea. Admirable et incongrue la prestation de Catherine Deneuve et les autres personnages sont criants de drôlerie et de vérité.
Le film met du temps à démarrer, il y a des longueurs, mais au total un bon moment cinema.
Des situations totalement surréalistes, de la violence, de la tendresse, de la tristesse, de l'amertume, de l'humour au second degré, du cynisme, ... un univers tour à tour noir ou lumineux, où le désespoir alterne avec l'espoir, la beauté et la laideur se croisent, ... le pire et le meilleur se cotoient, comme dans la vraie vie finalement.
Floride, un moment cinéma intense en émotions
Un moment de cinéma intense avec cette comédie dramatique (au sens vrai du terme où le drame cotoye la comédie) qui décrit le naufrage de la mémoire dans les abîmes de la démence pour oublier et nier un impossible deuil. Le scénario décrit avec une grande précision clinique les différentes étapes de la dégradation des facultés mentales d'un vieil industriel qui n'arrive pas à faire le deuil de l'une de ses filles et toute la problématique d'une relation père-fille qui devient difficile à gérer pour la fille qui pour protéger son vieux père de plus en plus débilisé n'arrive plus à gérer sa propre vie. Jean Rochefort campe ce vieil homme souffrant d'Alzheimer d'une manière magistrale et poignante sur un ton tour à tour léger, tendre, amer et agressif et Sandrine Kiberlain est émouvante dans le rôle de la fille qui face à son père de plus en plus en pertes de repères cherche à maintenir le navire à flot, et que l'on sent au fil des scènes de plus en plus impuissante et désemparée.
Un film très intimiste tout en sensibilité, pudeur et finesse mais également plein d'humour. On ne peut s'empêcher de rire des situations cocasses et des dialogues pleins d'humour, on s'émeut, on a le coeur de plus en plus serré car on sait que l'évolution est inéluctable et que la mort est au bout.
Et toute l'histoire se déroule sur fond du très beau décor de la région d'Annecy et de son lac.
Floride, un très beau film de Philippe Le Guay, à voir absolument, même si au final on ne peut dire qu'il soit réjouissant.
Un moment magique ...
le film Renoir de Gilles Bourdos dont chaque prise de vue est belle comme un tableau du peintre dont il évoque la fin de vie. Un film comme je les aime, tout en émotions sobres sans effets spéciaux, où le regard des acteurs en dit autant voire plus que les dialogues dans la lumière des tableaux de Renoir, ce peintre qui peignait non pour changer le monde mais parce qu'il aimait cela... Renoir, un peintre exceptionnel mais aussi un père à l'ombre duquel il n'était pas facile de grandir. Une vie qui finit, des vies qui commencent et puis l'amour filial et paternel et la passion amoureuse, artistique mais aussi la passion du corps vieillisant et souffrant ...
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