Mon univers ...
Cela se passe comme cela en consultation ( échantillon de perles )
- Donc docteur, je dois prendre rendez-vous chez l'oenologue ...
"Euh, non pas vraiment, moi j'avais parlé d'un néphrologue, spécialiste d'un autre liquide ...
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- Docteur, vous avez oublié de me prescrire mes carbonnades …
Euh ? … Non, je ne me suis pas reconvertie dans la restauration : je lui prescris du carbonate de calcium.
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"Docteur, j'ai mal aux pieds !"
"Je vais vous examiner"
"Je dois enlever mes chaussures, docteur ?"
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Au cours d'une garde, début de matinée, je suis appelée au chevet d'un patient atteint d'une gastro-entérite et souffrant de vomissements incoercibles qui ne lui permettent plus d'ingérer quoi que ce soit. Pour le soulager, je décide de lui injecter un anti-émétique. En constatant que je n'ai plus de petites compresses désinfectantes dans ma trousse, je demande à l'épouse du patient de me procurer un peu d'alcool.
Cette dernière me regarde alors d'un air apitoyé et me répond : " A cette heure-ci, ne préféreriez-vous pas un peu de café ? "
Et voilà comment se crée une mauvaise réputation ....
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- Allo, je suis bien chez un médecin. ?
- Oui madame,
- Est-ce que le docteur peut venir chez moi ?
- Où habitez-vous ?
- Ah je dois vous donner mon adresse ?
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Une patiente âgée en me montrant une vieille photo de ses grands-parents : " Je l'ai eue par un cousin qui fait notre arbre gynécologique ... "
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"Comme on dit, docteur, ce sont les alinéa de la vie ..." me dit ce patient dont la vie a été une sucession de paragraphes douloureux.
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Au téléphone :
- Bonjour, docteur, mes trois enfants sont malades, mais comme ils ont tous les trois la même chose, puis-je ne venir qu'avec un seul ?
Voilà une maman organisée !
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- Dans votre cas un régime méditerranéen est vivement conseillé.
- Mais, docteur, je mange des pizza tous les jours."
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- Je vais prendre votre tension"
- Prenez-là Docteur mais n'oubliez pas de me la rendre.
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Quand les patients déforment le nom de leur médicament, ça peut devenir très poético-philosophique : "Le pneumologue m'a dit que je devais changer mon univers"
Joli non ? ne rêve-t-on pas tous de changer d'univers pour mieux respirer ? (Bon, plus pragmatiquement : il devait juste changer le dosage de son bronchodilatateur : Inuvair)
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"Docteur, j'ai fait une chute et je crois qu'en tombant, je me suis sûrement cassé le crocus."
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La veille de Noël, une vieille patiente (89 ans), très pieuse, :
- Docteur, pendant que je récitais mes prières, j'ai vu des petites étoiles devant mes yeux. J'espère que ce n'est rien de grave ?
Ma réponse fuse sans réfléchir :
- Des étoiles à Noël, c'est normal !
Elle a éclaté de rire avec moi. Bon, rassurez-vous, cela ne m'a pas empêché de prendre son problème en charge.
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Je dis à la petite fille d'une patiente :
-Tu as vraiment une mamy gâteau !
-Non, ma mamy elle fait des galettes.
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- Depuis quelques jours, j'ai mes entrecôtes douloureuses, me déclare un patient
Muscles intercostaux ou entrecôtes, la différence est juste gastronomique !
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Je garde le souvenir amusant d'une patiente très polie qui au téléphone terminait la conversation en disant : " Je vous prie docteur de recevoir mes salutations respectueuses " Elle n'était pourtant pas secrétaire ...
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Au cours d'une garde, le service de tri téléphonique m'a mise en communication avec une patiente vivant au Japon !
La téléphoniste a cru bon de préciser : "C'est juste pour une demande de renseignements !"
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Il m'arrive d'être à l'origine de quelques perles aussi.
Ainsi, à cette patiente qui se plaignait de douleurs d'un genou, j'ai dit : "Ôtez-moi ce genou que je voie cela" au lieu de otez votre pantalon que j'examine votre genou !
En allant effectuer une visite à une résidente de maison de repos, je salue d'un grand bonjour un vieux monsieur que j'aperçois assis sur un fauteuil au pied de l'escalier avant de réaliser qu'il s'agit d'une statue du Père Noël que l'on a installée à cet endroit.
En auscultant un enfant au terme d'une nuit de garde assez chargée, je constate que les parents m'observent d'un regard étonné, Je me rends compte soudain que j'ai oublié de brancher l' instrument dans mes oreilles.
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Allo maman ma mère n'est pas là : retour de lectures
Patricia Fontaine : (auteur de La cape verte)
Allo maman, ma mère n’est pas là ! Cela fait plusieurs jours que j’ai fini la lecture de ce récit qui est avant tout un récit d’histoires d’amours. Où le manque d’amour, l’absence d’un lien trace et creuse au plus profond de la chair et de l’être des blessures indélébiles. Où même le trop d’amour n’y peut rien. Où la recette d’un comment faire, d’une juste place n’a pas encore trouvé de grimoire pour s’y écrire. Allo maman, ma mère n’est là ! J’ai envie de poursuivre ce cri d’appel à l’aide. Allo le monde, où es-tu ? Monsieur et Madame tout le monde où êtes-vous avec vos jugements, votre indifférence, vos regards hautains, vous tellement convaincus que chez vous jamais ! Élide, à travers ton livre je me suis dit que je fais partie de ce monde-là, sans le vouloir… parfois. Là où tu m’as aussi interpelée, c’est que comme psy, je fais partie du monde des intervenants sociaux dont tu parles. Ce monde des biens pensants et des bienveillants qui savent ou qui qui croient savoir sans se remettre en question, en condamnant l’autre pour ne pas reconnaître son impuissance, voir admettre ses faux pas si ce n’est ses erreurs. Tu nous fais entrer dans les coulisses de la psychiatrie, du secteur de la jeunesse, mais qu’importe le secteur. J’ai cherché à me rassurer en me disant que ce dont tu parles, c’était il y a plus de vingt, que les pratiques ont évolué… Pourtant j’avoue que j’ai eu l’impression d’être sur mes lieux de travail, aujourd’hui… parfois
La fluidité de ton écriture pourrait nous faire croire à un conte, mais tu nous entraînes dans les entrailles d’une femme à la dérive, d’un bébé devenu homme ou pas, d’une famille extra-ordinaire qui tente de se (re)construire et de colmater les dommages collatéraux.
Pas de happy end mais « simplement » la vie qui se poursuit pour le meilleur et pour le pire.
C’est une histoire d’amours possibles et impossibles, une histoire qui m’a bousculée et que je n’oublie pas.
Pour tout cela et plus encore, merci Élide !
Interview à l'Alchimie du livre (le 9 décembre 2018)
Je ne suis pas très à l'aise devant une caméra et je n'ai jamais été très brillante à l'oral surtout quand je n'ai rien préparé. Merci à l'auteur de cette interview.
Une critique d'Allo maman, ma mère n'est pas là par Philippe De Riemacker (sur https://artsrtlettres.ning.com/)
"Impossible de ne pas admettre que l’ensemble de notre vie est impacté par toute situation rencontrée dès notre plus tendre enfance. Oserais-je ajouter qu’avant même que nos premières respirations se joignent à l’orchestre de l’humanité, le bébé comme une éponge, absorbe tendresse ou manque d’amour avec une déconcertante facilité. C’est probablement à l’image de cette même éponge, qu’il rejettera progressivement le trop-plein de ce qui l’a perturbé. Pour les plus malchanceux d’entre nous, trop de poisons briseront le contenant en forgeant dans le subconscient une fêlure irréparable, un point de non-retour.
L’auteure qui nous intéresse est médecin généraliste, mais pas que. Éclectique par nature, elle s’adonne à la peinture en plus de l’écriture. Les plus fidèles d’entres-vous se souviendront que j’avais chroniqué, il y a quelques années déjà, son roman « Temps de guerre, temps de paix ». C’était une œuvre qui m’avait séduit et que, par coup de cœur, j’avais proposée au prix remis à l’occasion du Salon International du livre de Mazamet 2018. L’ouvrage avait été remarqué et s’il ne fut pas couronné j’ose dévoiler que ce fut de justesse.
Élide Montési n’est pas à son coup d’essai. Elle nous a offert « Les filles d’Hippocrate », « La nuit n’est jamais complète », « Ligne brisée » avant de rédiger le roman que nous approchons dans cette chronique. Pas étonnant qu’avant de découvrir son dernier ouvrage, je me sois préparé une bulle de confort afin de me plonger dans l'œuvre qu’elle m’avait confié au salon Mon’s livre fin novembre dernier.
J’avoue avoir été décontenancé par un sujet des plus interpellant. C’est peut-être la faute au fait que l’on ne l’approche jamais suffisamment, je veux dire par là, en utilisant un langage compréhensible par le quidam que nous sommes, misérables ignorants, hermétique au jargon scientifique. La raison vient peut-être également que l’on préfère quelquefois le déni par peur d’ouvrir une boite de pandore don le contenu se limiterait à une antenne parabolique qui refléterait les manquements de nos sociétés, mais pas que. Pas facile d’oser se remettre en question et pourtant, comme le soulignait si justement ce cher Albert Einstein, c’est devant celui qui connait les abysses de son ignorance que l’on reconnaît l’être d’exception.
Mais revenons à nos moutons :
En abordant « Allo maman, ma mère n’est pas là ! », comme tout lecteur qui se respecte j’ai commencé par le quatrième de couverture. Ce dernier nous explique que : ce livre met en scène la problématique des troubles de l’attachement chez l’enfant…
Je ne puis souscrire à cette description, elle est à mon sens trop restrictive. À mon regard, ce livre aborde une série de catastrophes humaines inhérentes à notre environnement. Certes, je puis comprendre ce que l’auteure ou l’éditeur a voulu souligner par cette accroche. Elle est certainement logique si l’on considère que les conséquences, dues à ce qui pourrait ressembler à un rejet parental, vont peser lourdement sur le destin d’un enfant, et pourtant !
En me plongeant dans « Allo maman, ma mère n’est pas là ! » je n’ai pu empêcher mon esprit de porter son attention sur l’entièreté des éléments que nous décrit Élide Montesi. J’avoue, j’en ai eu le vertige.
C’est que l’auteure possède une sensibilité à fleur de peau qui lui permet de décrire les ornières posées par la vie ou par les destins émiettés. L’écrivaine détient le don d’effleurer les oubliés, les êtres cassés, ceux qui n’intéresseront personne sauf quand viendra l’heure d’un bilan apporté malheureusement par la « une » de l’actualité judiciaire. C’est là qu’intervient la description de nos limites et du tourbillon qui peut entrainer une âme blessée au risque d’entraîner ceux qui tentent de lui venir en aide.
M’arrêter ici serait malhonnête, le livre nous réserve beaucoup plus.
L’enfance malmenée par une maman complètement paumée permet d’aborder la thématique non pas de l’adoption, mais des familles d’accueil. Au final, en refermant le livre je me suis rendu compte qu’il foisonne d’informations qui peuvent probablement servir de références. En parlant de référence, je songeais à l’ensemble des acteurs qui fréquentent la scène de la vie sur laquelle irrémédiablement nous jouons notre rôle et qui me porte à dire que nul n’est innocent. Je n’accuse personne, je ne fais que décrire une simple observation. S’il fallait vous convaincre j’ajouterais qu’il suffit d’être conscient des regards que nous portons sur ceux qui nous sont différents par le comportement. Je suppose qu’il est plus facile de juger que de soigner…
Je ne condamne pas, je ne le pourrais pas puisqu’en écrivant ces mots me voici assis à vos côtés sans que je ne puisse apporter la moindre solution à ce dilemme présent depuis que l’humain à foulé le sol de cette bonne vieille terre.
Voilà, sans l’avoir provoqué, Élide Montési ouvre les débats et m’y a entrainé malgré mon devoir de réserve…
Je n’ai qu’un léger bémol à murmurer, que ceci ne gâche pas votre plaisir.
En finissant ma lecture, me reste comme un léger goût d’empressement. Comment exprimer mon ressenti ? C’est comme si l’auteure s’était laissée portée par le sujet (serait-elle concernée ?) et que de nous apporter cette histoire, elle s’est livrée jusqu’à l’épuisement. N’aurait-elle plus eu la force de se laisser le temps nécessaire à la décantation ? Il y va d’un livre comme d’un parfum de femme. L’exception requière une attention des plus exigeantes et l’éditeur devrait de temps en temps se positionner en qualité de chef d’orchestre. Plus facile à dire qu’à faire j’en suis conscient, mais c’est également mon rôle de prendre tous les éléments d’une œuvre en compte. Les détails don je vous parle sont insignifiants, sans la moindre réserve je vous invite à vous procurer « Allo maman, ma mère n’est pas là ! ». Vous pourrez découvrir ce livre comme un simple roman ou, et je vous y invite, l’utiliser comme un outil au service de l’humain."
Retrouvez Philippe De Riemaecker sur Art & Lettres , Passion TV, Radio Passion, RCF Sud Belgique, Radio Vicomté, Chouette magazine.
La santé ça se mérite : quelques conseils
Tous les jours il faut manger une pomme pour le fer, une banane pour le potassium, une orange pour la vitamine C et une tasse de thé vert … sans sucre pour éviter le diabète. Quoique la pomme, vous pouvez la garder pour éloigner le médecin, il paraît qu’en visant bien, une pomme par jour éloigne le médecin pour toujours
Tous les jours nous devrions boire deux litres d’eau, même si pour l’éliminer cela demande le double du temps que l’on a pris pour les boire.
Tous les jours, il faut consommer un actimel® ou un yaourt pour absorber les indispensables Lactei casei defensis, dont personne ne sait vraiment ce que c’est, mais il paraît que si tu n’en ingères pas au moins un million et demi par jour, tu finis par voir flou.
A chaque jour, son comprimé d’aspirine pour prévenir l’ictus et un verre de vin rouge contre l’infarctus et puis un verre de vin blanc pour le système nerveux et une bière, cette dernière avec passion même si je ne sais plus trop à quoi elle sert (la bière pas la passion). Si tu absorbes le tout en même temps, tu risques une hémorragie cérébrale, mais ne te bile pas, tu ne t’en rendras pas compte.
Tous les jours, il faut consommer des fibres, beaucoup de fibres, jusqu’à déféquer un pull entier.
On doit aussi manger quatre à six fois par jour, légers les repas, sans oublier de mâcher 100 fois chaque bouchée. En comptant bien, 5 heures sont nécessaires rien que pour les repas.
Après chaque repas, il ne faut pas oublier de se brosser les dents : donc se les brosser après l’actimel®, après les fibres, après la pomme, après la banane, après l’orange, etc… sans oublier d'utiliser du fil dentaire , masser les gencives et le rinçage à la Listerine®.
Huit heures de sommeil sont nécessaires après les huit heures passées à travailler, ce qui en fait 21 dont les 5 heures passées à manger. Il en reste trois en espérant qu’il n’y ait pas de bouchon. D’après les statistiques c’est le temps moyen passé devant la télévision. Mais c’est de trop car on doit marcher au moins une demi-heure par jour en n’oubliant pas de faire demi-tour après un quart d’heure autrement la demi-heure de marche devient une heure entière.
Il faut en plus entretenir l’amitié en envoyant un message tous les jours car les amis s’entretiennent comme les fleurs qu’il faut arroser tous les jours.
Il faut trouver le temps de se tenir informé en lisant au moins deux journaux par jour et une revue pour une lecture critique et objective.
Le plus important, pour être en forme physiquement et psychologiquement, il convient de faire l’amour tous les jours sans sombrer dans la routine, donc faire preuve de créativité en termes de séduction. Il faut aussi trouver le temps de balayer, faire la vaisselle, la lessive et s’occuper du chien et des enfants. Quand on a fait tous les comptes, on arrive au total de 29 heures par jour. La seule possibilité c’est de faire plusieurs choses en même temps : par exemple prendre sa douche la bouche ouverte comme cela on avale ses deux litres d’eau. Et se brosser les dents en faisant l’amour à son partenaire qui pendant ce temps lit ses deux journaux et sa revue.
Et pendant que je rédige tout ça pour vous, je ne sais plus si j’ai mangé ma banane et bu mon Actimel® mais je vous laisse car il faut que j’aille évacuer mes deux litres d’eau…
Petite anthropologie des visiteurs rencontrés en salons ou en librairie
La fréquentation des salons littéraires ou des clients de librairie lors de dédicace m'a permis de découvrir une faune assez particulière que je me suis amusée à classifier.
Les indifférents : pressés ou flâneurs, ils passent devant vous en fixant la ligne d'horizon, ce point de fuite loin devant eux, le bien nommé puisqu'il fuit à mesure que vous croyez vous en rapprocher. Si vous apparaissez dans leur champ de vision, alors ils détournent la tête au dernier moment leur attention subitement attirée ailleurs, loin au-dessus de vous.
Les importuns : ils s'arrêtent juste devant votre stand, en s'appuiant bien contre votre table tout en vous tournant le dos pour discuter avec une connaissance qu’ils viennent de croiser, ils n’en ont rien à cirer que leur présence empêche de s’arrêter chez vous d'éventuels visiteurs intéressés. Au rang des importuns : ceux qui viennent vous demander si vous savez où se trouve tel ou tel article, ou bien où se trouvent les toilettes, ou à quelle heure ferme le magasin. "Non, moi, je suis ici pour présenter mes livres" Je reconnais que parfois certains prennent alors la peine de vous demander ce que vous écrivez.
Les sensitifs : ils donnent l’impression de vouloir s’arrêter mais se détournent dès qu’on fait mine de les interpeller. Certains s’arrêtent mais s’en vont sans répondre dès qu’on leur dit bonjour. D’autres répondent à votre bonjour d’un signe de tête mais se reculent avec effroi lorsque vous leur tendez votre flyer publicitaire ou lorsque vous leur demandez si vous pouvez leur parler de votre livre (après tout l’écrivain est là pour présenter son œuvre et en droit de penser que le visiteur vient parce qu’il veut découvrir du neuf).
Les manipulateurs de l’ascenseur émotionnel : ils s’arrêtent, vous sourient, feuillettent un exemplaire d’un air très intéressé (là, vous vous dites que ça y est !), vous posent trente-six questions auxquelles vous répondez avec passion (ben oui, vous êtes là pour ça?!), reposent enfin le livre sur la pile et s’en vont en vous souhaitant tout le succès que vous méritez (mais ils n’ont nulle envie de participer à ce succès car ils ne vous achètent rien) ou encore l'expression qui me tue : bon courage ! (pas vraiment encourageant). Au chapitre des manipulateurs je ne peux m'empêcher d'ajouter ceux que j'appelle les marionnettes. J'appelle ainsi ceux qui vous disent :- je fais mon petit tour et je reviendrai vous voir. Rares sont ceux qui reviennent. Un petit tour et puis s'en vont ou alors ils repassent devant votre stand et font mine de ne plus vous voir, rejoignant la catégorie des indifférents. Certains reviennent parfois comme cette dame de retour vers vous après avoir lu votre flyer qui vous demande :- Combien coûte votre livre ? Les prix sont inscrits sur le flyer mais je réponds quand même poliment en donnant le renseignement demandé. Et cette personne me quitte sur un :- De toute façon, moi, je ne lis jamais rien, je n'aime pas lire...
Ceux qui ne lisent pas sont malheureusement légion : - Moi, je n'aime pas lire ... Réflexion souvent entendue et qui ne laisse pas de m'étonner moi qui adore lire. Réflexion plausible de la part de clients de grande surface (mais pourquoi passent-ils alors par le rayon librairie ?), possible aussi dans les magasins comme club ou cultura dont la vocation n'est pas que de vendre des livres, mais nettement moins compréhensible de la part de visiteurs de salons du livre. Ils me font penser à des végétariens qui iraient admirer les étalages d'une boucherie ou d'une poissonnerie.
A l'opposé, j'ai rencontré de grands lecteurs... très sélectifs : - J'aime beaucoup lire et je lis beaucoup mais ici je ne connais pas les auteurs alors je n'achète rien.( justement c'est pour vous les faire connaître qu'on a créé ce salon.) - Je ne lis que les grands auteurs et les auteurs connus (ils ont dû comme moi se faire connaître) - Moi, je ne lis les livres que lorsqu'ils sont en livre de poche...( ok, mais si je ne rencontre que des gens comme ça, il y a peu de chances qu'il se retrouve en livre de poche) Certains avouent leur addiction : J'ai trop lu dans ma vie, j'ai décidé d'arrêter.
Les méprisants : comme cette dame qui après avoir lu la quatrième de couverture a déposé le livre avec une petite moue ironique en ajoutant : "Je vois le genre" (je vois ton genre aussi...)
Les sympathiques comme ce monsieur qui attend en faisant les cent pas pendant que je dédicace mes livres et qui vient me dire : - Je ne viens pas vous acheter un livre mais je voudrais juste vous souhaiter un joyeux Noël.
Les frustrés et les bras cassés : ceux qui vous racontent leurs démêlés avec les éditeurs, les refus auxquels ils ont été confrontés, ou leur peur d'être édités, ou qui vous demandent conseil pour savoir comment vous avez fait pour publier. Ils en profitent pour vous raconter ce qu'ils ont écrit eux-mêmes mais ne vous laissent pas placer un mot à propos des livres que vous présentez... Parmi ces frustrés, les écrivains en puissance qui n'ont jamais rien écrit mais qui détiennent en eux le best-seller si pas le Nobel de littérature :- Vous savez, moi aussi je pourrais écrire un livre, ma vie est un vrai roman, vous n'imaginez pas tout ce que je pourrais écrire (mais allez-y, pourquoi ne pas le faire ? ) et les voilà qui me racontent leur vie, leurs problèmes, ... et ils vous quittent juste après parfois même sans vous avoir dit au revoir. Vos livres, ils n'en ont rien à cirer car le leur serait beaucoup mieux, ils auraient eu des choses tellement plus intéressantes à dire que celles que vous avez écrites et qu'ils n'ont du coup pas du tout envie de découvrir. Déformation professionnelle, j'écoute toujours les gens me raconter leurs problèmes, et tant qu'à faire je note certains détails dans un coin de ma mémoire, ça peut toujours servir.
On entend aussi des commentaires assez drôles ou interpellants.
- Mais où avez-vous appris à écrire ? Moi : A l'école madame !
Votre livre (Ndlr : Temps de guerre, temps de paix) c'est l'histoire de mon grand père mais lui il n'a pas eu de liaison quand il était prisonnier, dit une dame avec un ton désapprobateur avant de s'éloigner.
- Ce roman évoque la vie d'une famille italienne, il est construit au départ des souvenirs de ma famille - Une histoire d'immigrés ? Ca ne m'interesse pas, des migrants y en a trop en Belgique on devrait les expulser ! (Ah si on pouvait expulser les cons ...)
- C'est votre photo au dos du livre ? - Oui ! - Ah, alors c'est vous qui l'avez écrit ? (ben oui, autrement je ne vois pas pourquoi ma photo y figurerait)
Tous ces livres sur la table, c'est vous qui les avez écrits ? - Oui monsieur. - Ah, donc on peut dire que vous êtes écrivain... - Oui, on peut dire cela. - Merci madame, bonne continuation...
Et enfin je ponds aussi mes perles : ainsi au cours d'un salon, j'achète un livre à un auteur, qui m'en a aussi acheté un. Evidemment on se dédicace mutuellement nos livres. Le lendemain, je me rends compte que je me suis trompée de prénom en lui dédicaçant mon livre. Une autre fois, j'ai dit à quelqu'un qu'on pouvait trouver mes livres dans toutes les bonnes pharmacies... ah déformation professionnelle encore et toujours, mais le plus curieux c'est que la personne à qui j'ai répondu cela n'a pas eu l'air étonnée, elle a sûrement fait la conversion elle-même.
Il y a beaucoup de malades, docteur ?
Voilà une question que nous entendons souvent autour de nous. A l’heure actuelle peu de personnes ne sont pas malades, puisque selon la définition de l’OMS : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »
Cette définition part d’une bonne intention, celle qui considère que l’état de santé des individus ne dépend pas que des soins médicaux, mais aussi de décisions socio-politiques. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions et une des dérives de cette définition est qu’elle aboutit a contrario à une surmédicalisation de la vie.
L’OMS aurait pu se contenter de définir la santé comme un état de bien-être, déjà difficile à évaluer en soi. Mais l’adjectif « complet » perturbe la donne : à partir de quel moment peut-on dire qu’un état de bien-être est complet, que tous les besoins d’un individu sont totalement satisfaits ?
Les migrants qui fuient la guerre ou la famine sont persuadés que nos pays occidentaux sont un havre de bien-être, ce que démentiront les personnes les plus précarisées de nos régions. Il fut un temps où l’on parlait de « bonne santé » (c’est encore ce que l’on se souhaite au Nouvel An) ou de « mauvaise santé ». Mais si la santé est un état de complet bien-être, elle n’est plus bonne ou mauvaise : elle est ou elle n’est pas.
Et c’est ainsi qu’au lieu de se limiter à parler de droits aux soins pour maintenir un bon état de santé, on en vient à parler de droit à la santé, avec un capital santé à préserver, voire même à augmenter comme tout capital qui se respecte.
Le droit à la santé devient une quête éperdue de mieux-être qui entraîne (du moins dans nos civilisations occidentales favorisées) un glissement des frontières entre le supportable et le non supportable. En pratique de médecine générale, on constate cela au quotidien dans la diminution de la tolérance pour certains mal-être auparavant acceptés, par exemple les phénomènes liés au vieillissement, mais aussi la fatigue liée aux activités. Paradoxalement, ce sont les personnes habitant les états où le système de santé est le mieux développé qui se plaignent le plus.
Dans ce contexte, nous médecins ne pouvons pas nous limiter à soigner seulement les maladies. Nous devons dépister et prévenir tous les facteurs de risque qui limitent le droit à la santé, c’est-à-dire l’accès au bien-être complet. Recommander aux patients un régime de vie et un comportement adapté aux menaces individuelles qui pèsent sur eux doit être au centre de nos interventions. Nous nous retrouvons ainsi à jongler avec les statistiques autour des paramètres vitaux, le plus souvent chiffrés de nos patients : l’âge, la tension artérielle, le poids, la fréquence cardiaque, le sacro-saint cholestérol, le tabagisme exprimé en années-paquets, le nombre d’unités d’alcool consommé… afin d’estimer les risques de maladies à prendre en charge, risques que l’on finit par confondre avec les maladies.
Cette conception d’un droit à une santé indéfiniment perfectible est frustrante tant pour les patients qui ont l’impression que ce droit n’est pas respecté comme il le faudrait et pour les médecins qui ont toujours l’impression de n’en faire jamais assez pour des patients de plus en plus exigeants, sans compter nos dirigeants qui oublient que le coût de ce modèle de santé est indéfini et imprévisible.
« Il y a beaucoup de malades, docteur ? » Trop, dès lors que comme l’écrivait Ivan Illitch : « l’obsession de la santé parfaite est devenue un facteur pathogène prédominant »
(publié sur http://www.lejournaldumedecin.com/actualite/il-y-a-beaucoup-de-malades-docteur/article-opinion-34169.html)
Une critique de Temps de guerre, temps de paix par l'auteur Claude Cotard
Temps de Guerre, Temps de Paix. Elide Montesi
Dès le premier chapitre, j'ai l'impression d'être replongé dans une trilogie d'Henri Troyat, que j'avais lu enfant, "les semailles et les moissons".
L'écriture et le style sont sensiblement similaires. C'est fluide et suffisamment accrocheur pour que très vite je parvienne à visualiser les scènes. Comme si je ne lisais plus, mais que j'étais plongé dans un film, sur grand (ou petit) écran !
Mais ce n'est pas du Henri Troyat ! C'est du Élide Montesi.
L'histoire de ces personnages, de ces familles, certaines en Allemagne, d'autres en France, pendant les années de guerre, puis, postérieures, et dont la vie est le jeu de la destinée et du hasard.
À travers l'adversité, la guerre, la paix, ils vont se croiser dans ce qui semble être une prédestination espiègle et facétieuse de la vie.
Personnellement, j'ai accroché très vite, ayant le désir d'en savoir plus. Les personnages sont très attachants !
Ils deviennent vite familiers. Observateurs invisibles, nous sommes témoins de leur état d'âme, de leurs actions.
Nous sommes plongés au coeur de leurs histoires, au milieu d'eux. Les rebondissements et les surprises ne manquent pas non plus ! Et à maintes reprises, nous nous exclamons " mais bien sûr !"...
Elide Montesi nous prend dès le départ par la main et nous conduit, via sa narration, là où elle le désire et parvient bien souvent à nous surprendre malicieusement.
Pour moi, un grand roman qui pourrait faire un très bon film ! J'ai adoré et j'en redemande !
Merci Elide Montesi !
https://www.facebook.com/claude.cotard1/posts/10216144224175848?comment_id=10216150797980189&reply_comment_id=10216150802820310¬if_id=1523516546209904¬if_t=mentions_comment&ref=notif
Retours de lecture de mon roman Temps de guerre, temps de paix
Toujours agréables à recevoir et à partager, les retours de lecture.
Patricia Duterne : Que d'émotions en lisant "Temps de guerre. Temps de paix". Tout y est pour donner l'envie de tourner les pages. Je me suis tout de suite plongée dans l'histoire. Les personnages sont émouvants. Le style est fluide. Les mots sont bien choisis. On sent que tu as fait des recherches et qu'elles sont bien à propos. Je pense que ton livre participe au devoir de mémoire et qu'il pourrait être conseillé aux professeurs d'histoire. Merci pour ce beau voyage dans le temps. Bisous
Martine Rouhart Chère Elide, j'ai enfin lu "Temps de guerre, Temps de paix" (Acrodacrolivre), pardon de t'avoir tant fait attendre. C'est ton roman que je préfère (jusqu'ici, car je ne doute pas que d'autres suivront).
Il y a dû y en avoir, de ces couples séparés par la guerre, période pénible imposée où chacun tente, tant bien que mal, de "s'arranger" des circonstances, et qui se retrouvent, avec un petit pan de passé inconnu pour l'autre. Vient alors le temps de se réapprivoiser... Les personnages sont attachants, la musique présente... (on n'en attendait pas moins de la musicienne que tu es), et l'intrigue bien construite. Bravo Elide Montesi
Laurence De Turck "Temps de guerre temps de paix" de l'auteure Elide Montesi. J'ai terminé de le lire et voici ce que j'en ai pensé...
J'ai beaucoup aimé. Elide nous ramène à l'époque de la guerre. Les détails qu'elle donne à ce sujet sont cohérents et véridiques. Ceci dit, il n'y a aucune lourdeur. Ces passages historiques font partie intégrante du roman qui, en soi, est un roman d'amour dans lequel des couples sont unis, sont séparés par la guerre ou tissent des liens pendant les périodes d'exil. Les pages du livre se tournent les unes après les autres avec une seule envie : connaître la suite. La fin de l'histoire n'est pas forcément celle à laquelle le lecteur pourrait s'attendre mais ne vient en rien le plaisir d'avoir lu cet ouvrage. L'écrivaine a un style de rédaction qui lui est bien propre, une plume classique, fluide et qui se lit telle une rivière calme sans pour autant en devenir ennuyeux, bien au contraire.
A découvrir...
Michel H. : je viens de terminer Temps de guerre, temps de paix. Le livre est bien écrit et on a envie de tourner les pages pour savoir comment l'histoire va se dérouler. L'aspect documentaire est très présent et très intéressant. Lire ce livre permet de découvrir tout un pan de l'histoire de la guerre peu connu, celui de la vie des prisonniers en Allemagne. Les personnages sont attachants, en particulier Georges, Emilia, Armand et Frieda. J'aurais personnellement préféré une issue plus heureuse. Le roman est noir et la fin est triste : beaucoup de morts et pas de retrouvailles tant attendues par le lecteur ( par moi en tout cas). J'ai donc tourné la dernière page avec un peu de déception : il me manquait vraiment un dénouement heureux. Mais il ne s'agit que de ma perception. Elide a choisi une autre voie et je la respecte totalement.
Jessica Lefèvre : Je viens de finir ton dernier roman et j'ai vraiment adoré.
C'était assez difficile pour moi d'arrêter la lecture alors j'ai fait durer le plaisir un peu plus longtemps en lisant à un rythme moins soutenu !
J'ai beaucoup aimé les destins et les personnages qui se croisent, l'intrigue sur fond de musique est vraiment bien ficelée, bravoJe trouvais les explications fournies super intéressantes et nécessaires pour la compréhension de l'histoire et j'ai trouvé cela judicieux de les placer à certains moments pour recadrer certains événements pas forcément connus de tout le monde
Le texte était fluide, bien construit, tout comme les personnages
J'ai beaucoup aimé Armand. Emilia moins je ne sais pas pourquoi, peut être à cause de sa jalousie excessive et le fait qu'elle reproche à son mari des choses qu'elle même a faites
Le fait que les destins soient liées et les histoires se croisent est simplement top ! Mais c'est toujours un rendez-vous manqué et c'est frustrant ! Mais comme c'est terriblement bien écrit et que d'une façon la vie est ainsi faite, le lecteur se dit que forcément tout n'est pas tout rose et ne se termine pas toujours bien.
Pascale F.: J’ai dévoré « Temps de Guerre , temps de Paix ». Je tiens à vous féliciter et à vous encourager dans cette belle passion et votre beau talent
Christian Picard : J'ai lu ton roman avec beaucoup d'intérêt. De ton style vivant et fleuri, tu décris bien les situations angoissantes vécues lors de la guerre et de l'après-guerre telles que je les ai vécues et que j'ai pu observer plus tard dans ma patientèle. Ce n'est certainement pas un roman à l'eau de rose, tu ne caches pas les difficultés et les émotions ni la réalité de la vie qui peut se révéler tragique. En me remémorant ton précédent livre, je remarque que tu n'édulcores pas la réalité, heureuse ou tragique. Même si j'ai refermé ton oeuvre avec un goût un peu amer et triste
Sarah DiB Madame, je viens de terminer le roman "Temps de guerre, temps de paix "
J'ai vraiment bien aimé la façon de raconter cette histoire. C'est un roman, mais j'aurais aimé rencontrer les personnages, ils sont très attachant et malgré leurs souffrances ils restent dignes. Le début je l'ai trouvé lourd, toujours et cinq ans revenaient trop souvent mais dès que le récit devient au présent , ça bouge et je suis partie avec eux tous.
Merci de ce beau roman "historique "
EBM, EBP ... et tutti quanti : (Texte publié dans le Journal du médecin du 09 mars 2018 sous le titre Une avalanche de sigles)
Bientôt trente-sept ans de carrière font de moi désormais un vieux médecin. Lorsque j’ai terminé mes études, j’avais appris que la base de la démarche médicale se fondait sur l’analyse des symptômes anamnestiques et physiques. Après l’anamnèse systémique et puis ciblée au cours de laquelle on récoltait le maximum d’informations concernant les plaintes du patient, venait ensuite l’examen clinique proprement dit avec ses quatre piliers : inspection, palpation, percussion, auscultation dont le résultat ouvrait la porte au diagnostic différentiel et une fois le diagnostic le plus probable envisagé, on pouvait enfin décider du traitement à appliquer, traitement se fondant sur les mécanismes physiopathologiques de la maladie diagnostiquée, l’enseignement reçu de nos maîtres ainsi que sur l’expérience personnelle acquise au fil de notre pratique et notre connaissance personnelle du patient.
Foin de ces pratiques et de ce langage d’une autre époque. La médecine a évolué et le langage médical aussi.
Maintenant, fini ce que d’aucuns appellent l’Eminence based medicine. L’EBM (evidence based medicine) et depuis peu l’EBP (evidence based practice) ont la cote. Des preuves, des preuves, il nous faut des preuves.
La connaissance du patient devient désormais les ICE (Ideas, Concerns, Expectations) et les éléments cliniques sont des données à encoder de manière structurée (SOAP : subjectif, objectif, appréciation et plan) et codifiée en ICD-10- CM avec un logiciel médical agréé. Nous ne définirons notre stratégie thérapeutique qu’après avoir procédé à une recherche dans la littérature médicale en posant une question PICO ((Patient-Intervention-Comparison-Outcome) afin de cibler l’objectif de notre recherche de RCT (randomized controlled trial, ) Pratiquer ensuite un CAT( Critically Appraisal of the Topic) permettra de discerner le vrai du faux. Heureusement, il existe des GPC ou RBP. Ces GPC doivent avoir été validées par le CEBAM avec l’instrument AGREE, qui permet de vérifier si les GPC reposent sur des preuves de bonne qualité axées sur le patient càd au moins une recommandation de force A sur l’échelle SORT (Strenght of RecommendationTaxonomy.) Les GPC et la mise en pratique de l’EBM ou de l’EBP seront évidemment mis régulièrement au programme de nos GLEM au cours desquels nous confronterons notre expérience à celle des autres médecins pour être sûrs que nos pratiques soient conformes aux standards des modèles de soins définis par nos dirigeants pour une meilleure qualité des soins, en réalité dans un souci essentiellement économique.
De la sorte, nous utiliserons de manière efficiente les examens tels que RMN, PETScan, ou dosage du PSA et prescrirons à bon escient et de manière efficiente les NACO pour la FA, les IPP pour le RGO, les IEC pour l’HTA, les AINS dans la PCE, les LABA et CSI pour la BPCO… pour ne citer que quelques exemples.
En fin de consultation, nous enverrons le SUMHER du patient au RSW (pour le sud du pays), pour autant que le patient nous ait donné son EID et son NISS pour que l’on puisse créer un lien ou une relation thérapeutique. Relation thérapeutique ? A vrai dire dans tout ce processus EBM de recherche de preuves formelles reste-t-il de la place pour une médecine basée sur l’ECRS (empathie, confiance, recherche d’un sens )?
Et si on laissait le temps au temps ?
En dépouillant mon courrier du lundi, je trouve des rapports d’un service d’urgence hospitalier pour une patiente. Le premier est daté du samedi, le second du dimanche. La patiente qui a consulté pour une infection ORL et à qui un traitement a été prescrit, est retournée au service des urgences le lendemain parce que sa plainte était toujours présente malgré le traitement… Un autre patient, qui a consulté le médecin généraliste de garde le samedi, me rappelle le lundi, inquiet de ce que le traitement prescrit au cours de la garde ne l’a pas débarrassé totalement de son problème. Ces situations sont banales en service d’urgence et en médecine générale : les gens veulent être guéris et soulagés en un claquement de doigts. Combien de fois me suis-je retrouvée à devoir expliquer à une personne récemment opérée que le fait d’être renvoyée à son domicile le soir de l’intervention ne signifie pas que tout est déjà cicatrisé et qu’elle peut reprendre ses activités directement comme si de rien n’était ?
Dans nos sociétés occidentales, où tout va de plus en plus vite (quitte à ne plus voir vers quoi l’on se dirige, mais c’est un autre sujet), efficacité devient synonyme de rapidité. Pourtant le corps humain lui, fonctionne toujours physiologiquement et métaboliquement de la même manière que celui de nos ancêtres. Pendant longtemps, avant que la médecine ne se fonde sur les sciences exactes ( et loin de moi l’idée de regretter cette évolution car c’est grâce aux sciences exactes, dites dures, que notre science médicale a pu progresser), une grande partie du traitement, en dehors de remèdes empiriques, consistait à mettre le patient au repos, c'est-à-dire au lit, avec des conseils d’alimentation (allant de la diète à la suralimentation) et le malade savait qu’il lui faudrait du temps pour se rétablir. On utilisait même un terme disparu du vocabulaire médical actuel : convalescence, désignant la période de transition entre la fin d’une maladie et de son traitement et la récupération par le malade de ses forces et de son état de santé antérieur. Actuellement les patients espèrent être guéris avant même la fin du traitement, quant à la convalescence, elle est devenue une notion obsolète, incompatible avec notre mode de vie actuel. Le repos est un remède devenu coûteux et que les médecins ne prescrivent plus sans qu’on ne les culpabilise. D’ailleurs, on ne prescrit pas du repos mais une période d’incapacité, càd d’inefficacité pour la société et qui se doit donc d’être la plus courte possible, et s’il n’y en a pas c’est encore mieux. Les durées d’hospitalisation sont de plus en plus brèves et le renvoi au domicile ne tient pas toujours compte des conditions de vie du patient chez lui. Décisions prises par un pouvoir qui ne sait pas comment vivent les gens qu’il gouverne. Les considérations budgétaires jouent un rôle dans la manière de prendre en considération le temps de guérison d’une pathologie.
Lorsqu’on parle du temps en médecine on évoque immanquablement les durées de consultations trop courtes pour le patient, les journées de consultation trop longues pour le médecin. Pourtant la réussite ou l’échec d’un traitement n’implique-t-il pas que l’on prenne le temps d’expliquer au patient que guérir nécessite un certain temps et qu’on puisse lui laisser ce temps ? (Elide Montesi, tribune publiée sur Le journal du médecin du 12 janvier 2018)
http://www.lejournaldumedecin.com/actualite/quand-efficacite-est-synonyme-de-rapidite/article-opinion-32371.html
Médecin généraliste, catégorie à part (Tribune, Le journal du médecin, 2516, 3/11/2017)
Les médecins généralistes sont vraiment une catégorie à part de la profession médicale. Alors que l’évolution de la médecine spécialisée se fait dans le sens d’une technicité de plus en plus poussée avec une hyperspécialisation organique qui fait craindre bientôt des ORL spécialistes de l’oreille interne gauche et d’autres de l’oreille interne droite, le généraliste porte de mieux en mieux son nom.
Nous gérons en effet des patients porteurs de polypathologies, le plus souvent polymédiqués, et nécessitant des soins multiples. Notre rôle de soignant en tant que généraliste ne consiste pas à traiter un organe ou une partie d’organe, mais il implique une prise en charge du patient qui tienne compte de tous les facteurs : physiologiques, psychologiques, mais aussi environnementaux, sociétaux, anthropologiques. Cela nécessite de notre part un lourd investissement en temps, en énergie, en communications chronophages avec tous les intervenants médicaux et aussi sociaux, souvent pour un résultat peu conséquent, voire même sans résultats. Le médecin généraliste est un Sysiphe doublé d’un Don Quichotte.
Et cerise amère sur un gâteau qui ne l’est parfois pas moins, être médecin généraliste, c’est aussi remplir une fonction administrative. Que ne pestons-nous pas contre cette paperasse, réelle ou de plus en plus souvent informatisée, qui envahit notre temps de consultation et le temps d’après ? Voilà un rôle dont nous nous passerions bien, parce qu’il n’est pas « soignant » au sens où nous comprenons l’acte de soigner, parce qu’il n’est pas médical au sens où nous entendons la pratique médicale. Un rôle que l’on nous impose, que nous subissons à contrecœur et dont nous avons l’impression qu’il est dévalorisant pour la profession médicale. Pourtant, dernièrement, j’ai entendu un jour une patiente dire : « Je ne comprends pas pourquoi les médecins sont toujours de mauvaise humeur quand nous arrivons avec des papiers à remplir. C’est aussi une manière de s’occuper de leurs patients, non ? »
Certes, je continuerai toujours à m’insurger contre la bureaucratie tatillonne et kafkaïenne et toute simplification administrative est la bienvenue. Mais la réflexion de cette patiente a éclairé d’un jour nouveau mon rôle administratif que je jugeais méprisable et de seconde zone par rapport à mon noble rôle de médecin. Cette patiente n’a pas tort lorsqu’elle dit que remplir un document pour un patient c’est encore et toujours prendre soin de lui. Nous ne sommes pas moins médecins ou soignants lorsque nous remplissons un certificat, une demande de voiturette pour une personne atteinte d’un lourd handicap, lorsque nous introduisons une demande de remboursement pour un médicament, lorsque nous remplissons une demande de reconnaissance de handicap ou un dossier pour le CARA que lorsque nous pratiquons un examen clinique, un ECG, une spirométrie ou une suture, ou lorsque nous l’écoutons nous parler de son vécu. S’occuper de toute cette bureaucratie, rébarbative et fastidieuse, s’inscrit bien pour le médecin généraliste dans cette prise en charge du patient dans sa globalité. (Elide Montesi, 24 octobre 2017)
Retour de lecture de Temps de guerre Temps de paix et le lien vers une interview par le même journaliste
Temps de Guerre, Temps de Paix – Elide MONTESI ISDN : 9782930756950 (éditions Acrodacrolivres)
https://www.podcastgarden.com/episode/les-fruits-de-ma-passion_104808
Médecin et écrivain, comment est-ce possible ? (Tribune du Journal du médecin du 01/09/2017)
Voici plusieurs années déjà, je m’étais amusée de l’étonnement manifesté par un de nos enfants, quelques semaines après être entré en classe maternelle, lorsqu’il avait rencontré son institutrice en train de se promener dans le même endroit que nous. Nous lui avions expliqué alors que sa maîtresse d’école avait une vie en dehors de son travail, une maison, une famille, des amis et des loisirs.
J’évoque cette anecdote parce que j’éprouve le même amusement lorsqu’au cours des salons où j’expose mes toiles ou présente mes livres, j’entends des visiteurs s’étonner du fait que j’écris et que je peins alors que je suis médecin généraliste toujours en activité. La question : «Mais comment trouvez-vous le temps d’écrire ou de peindre avec une profession si prenante ? » est souvent posée par mes interlocuteurs du moment, parfois sur un ton où je sens comme un peu de réprobations à l’idée que ce temps consacré à mes hobbies, je l’enlève à mes patients. Je suis alors partagée entre l’amusement et la contrariété en constatant que ces personnes ne voient plus en moi l’auteur ou le peintre que je leur montre, mais exclusivement un médecin qui se dévoie sur des chemins de traverse qui seraient incompatibles avec la voie professionnelle. Amusement parce que je me retrouve comme avec mes enfants à devoir expliquer que ma vie ne se résume pas à ma profession et que j’aime à mettre en pratique ma créativité autrement comme cela est le cas aussi pour bon nombre de mes consoeurs et mes confrères.
Mon sentiment de contrariété vient du fait que, dans cette interrogation quant à la difficulté voire l’impossibilité pour un médecin de pouvoir se consacrer à autre chose qu’à sa profession, on voit que la représentation la plus populaire est celle du médecin qui ne vivrait jour et nuit qu'avec son stéthoscope au cou et le téléphone à l’oreille, consacrant sa vie et son temps à ses patients et ne s’accordant aucun repos, aucune distraction. Bref, nombreux sont encore ceux qui considèrent que la médecin ne peut être qu’un sacerdoce dévorant. N’est-il pas effrayant de constater que le médecin dans l’imaginaire collectif est celle finalement d’un individu débordé, proche du burn-out voire déjà en plein burn-out ?
« Medice, cura te ipsum » : s’il veut vraiment être utile, un médecin se doit de prendre d’abord soin de lui-même, en veillant à garder un juste équilibre entre vie professionnelle et vie privée, entre travail et loisirs. La pratique d’un art sous quelque forme que ce soit, le sport, les activités en rapport avec la nature, la musique, la lecture (autre que celle de la littérature médicale si bonne soit-elle), le partage d’activités avec sa famille sont autant de moyens nécessaires pour nous soigner, évacuer la pression de notre travail qui nous plonge quotidiennement dans une réalité douloureuse. Justement parce que notre profession est prenante, exigeante et lourde, nous avons besoin de soupapes de sécurité, d’aires de détente sur notre parcours. On nous impose une formation complémentaire pour maintenir nos compétences professionnelles, heures de formation qui empiètent sur nos heures de loisirs et de repos, au risque d’en faire bondir certains, ne pourrait-on nous « imposer » de prouver que nous avons un hobby quelconque ?
Nous, médecins, abordons l’humanité quasi exclusivement par le biais de sa fragilité, de ses blessures, de ses dysfonctionnements, au risque de ne plus voir l’être humain que comme un malade présent ou à venir. N’est-ce pas important pour appréhender nos patients dans leur globalité que nous prenions le temps de partager des activités qui nous les font rencontrer autrement que comme simplement des patients justement ? Et en conséquence, nous prouvons ainsi que nous sommes nous aussi des êtres humains à part entière, qui vivent en dehors de leur cabinet médical, qui savent faire autre chose que la pratique de la médecine. Le besoin de nous ressourcer ne se limite pas seulement à quelques jours ou quelques semaines de vacances annuelles, il est nécessaire d’avoir notre ballon d’oxygène tous les jours à notre portée. Respecter ce besoin vital me semble capital pour la survie de notre profession.
http://www.lejournaldumedecin.com/actualite/medecin-generaliste-et-ecrivain-comment-est-ce-possible/article-opinion-30601.html
Les risques du métier(article paru dans le Journal du médecin du 28/04/2017)
Les risques du métier (article paru dans le Journal du médecin du 28/04/2017)
Le Conseil de l’Ordre des médecins nous invite à participer à une enquête intitulée « La violence à l’encontre des médecins au sein de la relation médecin-patient ».
Cette enquête a pour but de recueillir des informations quant à la prévalence des types de violences à l’égard des médecins (…)
Un questionnaire entièrement et correctement rempli vous donnera un point d’accréditation en Éthique et Économie. »
En lisant la communication de l’Ordre des médecins, je n’ai pu manquer de me sentir interpellée
par le fait que répondre à ce questionnaire permet de gagner un point d’accréditation.
Le Conseil de l’ordre suppose donc que notre sécurité nous est tellement indifférente qu’il faille nous motiver par des points d’accréditation
pour répondre à leur questionnaire.
Cette initiative prouve en tout cas la volonté d’une de nos instances supérieures de prendre au sérieux notre sécurité au travail.
Il est temps enfin de reconnaître que nous généralistes pratiquons un métier à risque : violences verbales, menaces, intimidations,
coups et blessures, violences sexuelles et même meurtres, comme celui dont a été victime notre regretté confrère Patrick Roelandt.
Des mesures de précaution sont-elles cependant vraiment possibles ?
Nous pratiquons une profession dont la pierre angulaire est une relation de confiance entre deux personnes.
Or, qui dit vigilance implique aussi méfiance. Par exemple, lever le secret concernant le casier judiciaire d’un patient est une mesure certes utile d’un point de vue sécuritaire,
mais ne risque-t-elle pas de nuire à la qualité des soins en modifiant, fut-ce inconsciemment, le regard que nous porterons sur ces patients ?
Et lorsque nous saurons que tel patient est un repris de justice potentiellement dangereux, quelle suite faudra-t-il donner à cette information ?
Se faire accompagner d’un policier au cours d’une visite à domicile le concernant ? Porter un gilet pare-balle, suivre des cours d’autodéfense (éventuellement accrédités) ?
Lors des déplacements en garde de nuit, en ce qui concerne notre rôle de garde, nous avons le privilège d’être accompagnés d’un chauffeur
qui a mission d’entrer avec nous au domicile du patient.
Certes, les déplacements sont rendus plus agréables par la présence réconfortante de ces auxiliaires au demeurant très sympathiques.
On peut s’interroger toutefois quant à l’atteinte à la confidentialité que constitue leur présence.
Ils savent se faire discrets, restent souvent dans la pièce voisine ou dans le hall et je ne mets pas en doute leur capacité à taire ce qu’ils ont surpris de la consultation.
Mais d’une part, ils ne sont pas armés, et d’autre part leur présence serait-elle vraiment dissuasive pour un forcené armé et
ne courraient-ils pas autant de risques que nous s’ils cherchaient à s’interposer ?
Par ailleurs, nous ne disposons d’un chauffeur que pour le service de nuit, en journée, nous restons livrés à nous-mêmes.
Si nous sommes peut-être statistiquement plus à risque de subir une agression la nuit, elles ne sont pas exclues pendant le jour…
même de la part de patients que nous connaissons pourtant bien.
Au cabinet, nous bénéficions de plus de sécurité : bip d’appel personnel, système de télévigilance et caméras de surveillance, la technologie nous assure une protection relative.
Relative, car même si elle peut avoir un effet dissuasif, elle ne nous met pas à l’abri d’un mauvais coup.
Au-delà des moyens de protection tels que système d’alarme, chauffeurs, et autodéfense, au-delà de la déclaration de toutes les agressions que nous subissons,
nous pouvons aussi nous former à la gestion des conflits pour désamorcer toutes les situations susceptibles de déraper en occasion de violences verbales et de manque de respect.
Tiens, respect : voilà le mot-clef qui arrive.
Notre profession est victime d’un manque de respect de plus en plus flagrant non seulement de la part de certains patients, mais aussi de la part de nos dirigeants.
Comment voulez-vous que les gens aient de la considération et du respect pour une profession aussi décriée que la nôtre ?
On n’arrête pas de renvoyer de nous, non l’image de personnes qui consacrent leur temps et leur vie (parfois au sens propre) pour aider et soulager les patients,
mais le plus souvent celle de gens qui prescrivent trop ou trop peu et de toute façon toujours mal, qui dépensent sans réfléchir l’argent de la sécurité sociale,
qui font trop de certificats à mauvais escient, que l’on doit contrôler en permanence, qui doivent toujours se justifier
et à qui il faut régulièrement rappeler comment ils doivent faire leur métier …
Nous nous adressons aux pouvoirs publics pour qu’ils prennent des mesures pour limiter la violence dont certains d’entre nous sont victimes
alors même que nos instances dirigeantes nous font violence tous les jours.
Et enfin si nous nous respections plus et mieux d’abord nous-mêmes ?
Pourquoi notre profession ne pose-t-elle aucun geste fort lorsqu’un l’un des nôtres se fait trucider ?
Pourquoi n’y a-t-il eu aucun mot d’ordre de grève, même brève, aucune marche blanche ni manifestation publique de solidarité
(autre que l’invitation à faire nos consultations avec un brassard noir) lorsque par exemple notre confrère Patrick Roelandt s’est fait égorger par un patient ?
On critique les chauffeurs de TEC qui débraient au moindre pet de canard, mais au moins font-ils preuve de solidarité et expriment-ils ainsi leur volonté d’être mieux considérés.
Nous, médecins ne bougeons pas, jamais ou trop peu, quelques réactions sur les forums médicaux, dans nos journaux professionnels pour dénoncer les pouvoirs publics qui ne font rien
et puis c’est tout, l’indignation retombe comme un mauvais soufflé.
Nous acceptons dans l’indifférence que notre profession devienne un métier à risque.
L’Ordre des médecins l’a bien compris d’ailleurs puisqu’il pense que pour nous motiver à répondre à son enquête, il doit nous offrir des points d’accréditation…
L'indifférence à notre propre égard n’est-elle pas finalement la cause la plus violente de toutes les agressions que nous subissons ?