Un peu de tout et de tout un peu

En médecine, avant toute chose, tout se joue dans la relation entre le soigné et le soignant. Une bonne relation a des effets  thérapeutiques positifs. Qu’elle soit ratée
et toute la stratégie thérapeutique s’enraye.
Le médecin est le premier et le meilleur
médicament. Comprendre les enjeux de la
relation humaine, admettre qu’il est impossible
de faire fi de la subjectivité pour soigner
les patients est indispensable et pourtant
trop peu voire jamais enseigné. La
médecine a beau vouloir être de plus en
plus objective et scientifique, elle ne peut
faire abstraction de la part de subjectivité

l’oeuvre dans la pratique du soignant.
Dans un langage clair et incisif, les auteurs
recourent à «la psychanalyse et à la prise
en compte de l’inconscient pour tenter
d’expliquer et de comprendre le «malentendu
» de la demande et de la pratique
médicale». Soigner nécessite de décoder
la plainte au-delà des mots qui l’expriment,
soigner implique de comprendre le
besoin de croyance, la pensée magique qui
persiste chez tout un chacun y compris
l’universitaire le plus rationnel. Soigner,
c’est savoir reconnaître la violence intrinsèque
de l’ordre médical afin de pouvoir
la mesurer et la contenir pour éviter les
abominations auxquelles ont participé les
médecins. «Ce qui fait l’humanité du
médecin, c’est la capacité qu’il a maintenue
par delà sa formation scientifique de
rester en contact avec lui-même et par delà
avec l’autre». La formation scientifique
doit nécessairement être complétée par une
formation aux enjeux psychologiques et
relationnels, seule prévention possible du
burn out du soignant. Tel est l’objectif de
ce livre, à découvrir absolument.
Philippe VAN MEERBEECK, Jean-Pierre JACQUES. L’inentendu
Ce qui se joue dans la relation soignant-soigné
Éditions De Boeck, Coll de l’Oxalys, Bruxelles 2009, 335 pp. 27 €
ISBN 978-2-8041-0397-2